Mort d’un étudiant à l’université: Le Bénin doit respecter la liberté de manifestation pacifique et proscrire le recours injustifié et disproportionné à la force.

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le Bénin doit respecter la liberté de manifestation pacifique et proscrire le recours injustifié et disproportionné à la force lors de la gestion des manifestations publiques.

Le mardi 17 mars 2020, le conseil extraordinaire des ministres a pris des mesures dans le but de contenir la propagation du COVID19. Dans la mise en œuvre des mesures du gouvernement, le Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi a également pris la note de service n°340-2020/UAC/SG/SA en date du 18 mars 2020 portant interdiction de manifestations de plus de 50 personnes dans le campus universitaire d’Abomey-Calavi.

La Fédération Nationale des Etudiants du Bénin par une note de service en date du 20 mars 2020 a décidé de la suspension des cours à l’UAC comme mesures préventives contre la propagation COVID-19. Des séances de sensibilisation et d’information sur les mesures prises s’en sont suivies les lundi 23 et mardi 24 mars 2020.

Le mardi 24 mars, alors que la sensibilisation sur les mesures et l’invitation des étudiants à rester chez eux se poursuivaient, la police va procéder à l’arrestation de quelques responsables des étudiants. Une manifestation pour la libération des étudiants arrêtés a alors éclaté. Les manifestations ont duré plusieurs heures et ont causé la mort par balle de Téophile Dieudonné DJAHO, étudiant en 1ère année de géographie à la Faculté des Arts, des Sciences Humaines et Sociales.   

Face à cette triste et malheureuse situation ,  le collectif des Organisation de la Société Civile signataire du présent communiqué :

  1. condamne fermement cette pratique observée depuis un certain temps  par les forces de défense et de Sécurité de notre pays  qui consiste à faire un recours injustifié et disproportionné à la force lors de la gestion des manifestations publiques en tirant des balles létales sur les manifestants.
  2. invite l’Etat béninois, à ouvrir une enquête indépendante et impartiale sur les violations des droits de l’Homme survenues à l’Université d’Abomey-calavi dans la journée du 24 mars 2020 afin d’établir les responsabilités aux fins de réparation des préjudices subis par les victimes à tous les niveaux.
  3. invite l’Etat béninois au respect du principe universel de responsabilité qui requiert que des enquêtes soient systématiquement ouvertes en cas de recours illégal à la force par les agents responsables de l’application des lois et que les personnes contre qui la force a été utilisée ou leurs représentants aient accès à des procédures judiciaires indépendantes.
  4. invite l’Etat béninois au respect des instruments juridiques nationaux et internationaux qui réglementent la liberté de manifestation et l’usage de la force en cas de gestions des manifestations publiques.
  5. exhorte l’Etat béninois à prendre toutes les dispositions pour que le droit à la vie de toute personne résidant sur son territoire, les défenseurs des droits humains y compris,  soit préservé et protégé.

Fait à Cotonou le 28 mars 2020

Ont signés, les organisations ci-après :

Amnesty International Bénin; WANEP-BENIN; Coalition des Défenseurs des Droits Humains du Bénin; ONG UDSP-BENIN; Human Rights Prority