Peine de mort. Intégralité du discours de plaidoyer prononcé devant l’Ambassade du Ghana au Bénin

A l’occasion de la célébration de la journée mondiale contre la peine de mort 2022, une marche pacifique a été organisée le 10 octobre par Amnesty international Bénin et Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-BENIN) pour plaider l’abolition de la peine de mort au Ghana.

Ayant pris départ de la place du souvenir à Cotonou, les militant-e-s et sympathisant-e-s d’Amnesty international Bénin qui composent la marche se sont dirigés vers l’Ambassade du Ghana pour y rencontrer les autorités ghanéennes et plaider l’abolition de la peine de mort dans ce pays d’Afique subsaharienne.

Ci-dessous l’intégralité du discours prononcé par Conaide AKOUEDENOUDJE le Coordonnateur du comité ”Actions urgentes et solidarité internationale d’Amnesty international Bénin” et remis aux autorités ghanéennes.

DISCOURS PRONONCE DEVANT L’AMBASSADEUR DU GHANA PRES LE BENIN A L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE CONTRE LA PEINE DE MORT.

Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Ghana près le Bénin, 

Mesdames et Messieurs en vos rangs grades et qualités, tous protocoles observés,

Nous célébrons aujourd’hui, lundi 10 octobre, la journée internationale pour l’abolition de la peine de mort ou encore la journée mondiale contre la peine de mort.

Cette peine est souvent prononcée sous la forme d’une sentence d’un tribunal, découlant de diverses infractions spécifiques. Le 10 octobre unifie le mouvement abolitionniste mondial et mobilise la société civile, les dirigeants politiques, les avocats, l’opinion publique et bien d’autres, pour soutenir l’appel à l’abolition universelle de la peine capitale. Cette journée encourage et consolide la prise de conscience politique et générale du mouvement mondial contre la peine de mort. La commémoration de cette année marque la 20e année de célébration de ce noble combat consacré à la protection de la vie et de la dignité humaine.

Nous nous exprimons ici aujourd’hui d’une seule voix en tant que membres d’Amnesty International Bénin, en partenariat avec l’organisation Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT Bénin) et d’autres citoyens engagés en faveur de l’abolition de la peine de mort au Ghana.

Excellence Monsieur l’Ambassadeur,

Vous convenez sans nul doute avec nous que la peine de mort constitue une violation du droit à la vie de tout être humain. La préservation du droit à la vie est cruciale et doit être la responsabilité première de chaque État. À ce stade, nous devons ajouter que la protection de la vie doit être non dérogeable, même en cas de déclaration d’état d’urgence. 

A la date d’aujourd’hui, plus de la moitié des Etats du monde ont aboli en droit et ou en pratique la peine de mort. Il s’agit d’une grande victoire quand on se rappelle tout le chemin de plaidoyer parcouru depuis la fin des années 70. A l’époque, aucun pays de l’Afrique subsaharienne n’avait encore aboli la peine capitale. Aujourd’hui, plus d’une vingtaine de pays d’Afrique subsaharienne ont aboli la peine de mort. Parmi ces pays figurent la Sierra Léone, la Guinée, le Burkina Faso ou encore votre pays frère et ami dans lequel vous êtes actuellement en service, le Bénin.

Malheureusement, la République du Ghana, qui fait partie du bloc régional d’Afrique de l’Ouest, n’a pas encore aboli la peine de mort même si les exécutions remontent à bien longtemps. C’est pourquoi, mus par le désir de la sécurisation de l’abolition de la peine de mort et la protection du droit à la vie en Afrique subsaharienne, nous nous sommes réunis aujourd’hui pour plaider auprès de votre excellence, pour l’abolition de la peine de mort au Ghana.

Quelle que soit la gravité de l’infraction, tout accusé doit bénéficier d’un procès équitable. C’est l’un des inconvénients de l’institution de la peine de mort, car elle a été considérée comme un outil utilisé par certains dirigeants oppressifs pour anéantir leurs opposants, réduire au silence les combattants de la liberté démocratique et affaiblir l’opposition et la voix des militants qui réclament le respect des droits de l’Homme. En outre, la préservation du droit à la vie cimentera la jouissance de tous les autres droits du citoyen, qui incluent, sans s’y limiter, la protection de sa liberté, le droit à la liberté d’expression, à la non-discrimination, à la libre circulation, à la protection contre l’esclavage et le travail forcé, à la vie privée, à un procès équitable, à la réunion et à l’association, à la santé, à la sécurité sociale, aux services sociaux, à l’éducation, au vote, à la préservation de la culture et au droit au travail.

Excellence Monsieur l’Ambassadeur, 

Mesdames et Messieurs,

Nous souhaitons vous rappeler que, tout comme dans le droit international, la protection et la préservation du caractère sacré de la vie humaine ont été inscrites dans la Constitution du Ghana. Les lois régionales et internationales telles que la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples de 1981, la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 ; le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 et le deuxième protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ont toutes reconnu et garanti ce droit inaliénable. 

La commémoration de cette journée vise également à faire entendre notre voix pour appeler à l’élimination et à l’éradication des nombreux types de torture et autres mauvais traitements cruels inhumains et dégradants subis au cours du long parcours de la peine de mort, qui sont à des degrés divers et comprennent notamment :

  • la torture physique ou psychologique ;
  • le phénomène du couloir de la mort qui contribue au déclin psychologique à long terme de la santé d’une personne ;
  • les conditions de vie difficiles dans le couloir de la mort ;
  • l’angoisse mentale de l’anticipation de l’exécution ;
  • les méthodes d’exécution qui causent une douleur exceptionnelle, et ;
  • la souffrance vécue par les membres de la famille et ceux qui ont une relation étroite avec les personnes exécutées et ou séjournant dans le couloir de la mort.

Au demeurant, il est important de rappeler que chaque vie humaine est précieuse et qu’à ce titre, elle mérite protection.

Excellence Monsieur l’Ambassadeur,

C’est le moment pour le Ghana de rejoindre le grand groupe des pays abolitionnistes en droit et en pratique de la peine de mort.

Le Ghana à sa place dans ce mouvement mondial pour l’abolition de la peine mort.

Le Ghana doit rejoindre le progrès maintenant.

Merci de votre attention.

Photo des militants d’Amnesty international Bénin devant l’Ambassade du Ghana à Cotonou