Le Sri Lanka doit revenir sur tout projet d’application de la peine de mort et continuer d’éviter ce châtiment cruel et irréversible comme il le fait depuis longtemps, a déclaré Amnesty International mercredi 11 juillet.
Selon certaines informations, le président sri-lankais, Maithripala Srisena, poursuit ses plans visant à exécuter 19 prisonniers condamnés à mort pour des infractions à la législation sur les stupéfiants.
« En reprenant les exécutions après plus de 40 années, le Sri Lanka causera un immense dommage à sa réputation. Le gouvernement doit renoncer immédiatement au projet de reprendre les exécutions, commuer toutes les condamnations à mort et instaurer un moratoire officiel sur l’application de la peine capitale à titre de première étape vers son abolition complète, a déclaré Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe pour l’Asie du Sud à Amnesty International.
« Le Sri Lanka a montré l’exemple dans la région, en évitant depuis longtemps ce châtiment cruel et irréversible au moment où de nombreux autres pays s’obstinaient à l’appliquer. À présent, quand la plupart des pays du monde se sont détournés de la peine de mort, il risque de prendre la mauvaise direction en rejoignant une minorité de plus en plus petite d’États qui maintiennent cette horrible pratique. »
Amnesty International s’oppose catégoriquement à la peine capitale en toutes circonstances, quels que soient le crime commis et la méthode d’exécution.
L’exécution de personnes pour des infractions à la législation sur les stupéfiants constitue une violation du droit international – qui dispose que, dans les pays qui ne l’ont pas encore abolie, la peine de mort ne peut être appliquée que pour “les crimes les plus graves”, c’est-à-dire impliquant des homicides volontaires – et irait clairement à l’encontre des engagement internationaux du Sri Lanka, notamment de ses votes répétés en faveur d’un moratoire sur l’application de la peine de mort à l’Assemblée générale des Nations unies, dont le dernier remonte seulement à 2016.
Le Sri Lanka a procédé à sa dernière exécution en 1976.
« Il n’existe aucun élément prouvant que la peine de mort ait un effet dissuasif particulier sur la criminalité. Les exécutions ne sont jamais une solution et, pour les infractions à la législation sur les stupéfiants, constituent une violation du droit international. Les autorités sri-lankaises doivent choisir une voie plus humaine et juste », a déclaré Dinushika Dissanayake.
Complément d’information
À ce jour, 142 pays ont aboli la peine capitale en droit ou dans la pratique. Dans la région Asie-Pacifique, 19 pays ont aboli ce châtiment pour tous les crimes et sept autres sont abolitionnistes en pratique.
En 2017, d’après les éléments recueillis par Amnesty International, des exécutions ont eu lieu dans une minorité isolée de pays (23), et seuls 11 d’entre eux (soit 6 % des pays du monde) ont exécuté des personnes tous les ans ces cinq dernières années.