La privation quasi totale de droits fondamentaux en Corée du Nord ne doit pas être ignorée lors de la rencontre historique mardi 12 juin 2018 entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong-un, a déclaré Amnesty International.
Arnold Fang, spécialiste de l’Asie de l’Est à Amnesty International, a déclaré :
« En Corée du Nord, des millions de personnes continuent d’être privées de leurs droits humains, jusqu’à 120 000 étant enfermées dans des camps de prisonniers où elles risquent d’être victimes de torture, de travail forcé et d’exécution. Il serait très décevant que la situation catastrophique des droits humains en Corée du Nord soit balayée sous le tapis tandis que le dégel des relations diplomatiques se poursuit. »
Le mois dernier, Amnesty International a adressé un courrier au président Donald Trump pour exposer les violations généralisées, flagrantes et systématiques des droits humains en Corée du Nord et mettre en avant des sujets clés à aborder avec le leader Kim Jong-un, notamment :
Les camps de prisonniers
On estime que 80 000 à 120 000 personnes sont toujours détenues dans les camps pour prisonniers politiques disséminés en Corée du Nord, où elles sont exposées à la torture, au travail forcé et à d’autres mauvais traitements, ainsi qu’aux exécutions – certaines violations constituant des crimes contre l’humanité. Un grand nombre de ces personnes n’ont été inculpées d’aucune infraction dûment reconnue par le droit international. Elles sont détenues de façon arbitraire parce que certains de leurs proches sont considérés comme une menace pour les pouvoirs publics, ou au titre de la « culpabilité par association ».
Les observateurs internationaux doivent bénéficier d’un accès immédiat à tous les centres de détention et des mesures doivent être prises pour libérer tous ceux qui sont détenus pour des activités qui ne devraient pas être criminalisées.
La liberté d’expression
Il est notoirement connu que les Nord-Coréens sont coupés du reste du monde. Des restrictions sévères quant à l’accès à l’information et aux communications perdurent. Si plus de trois millions de Nord-Coréens ont désormais un abonnement de téléphonie mobile, il s’agit principalement d’un réseau national, les services internationaux étant bloqués. Les Nord-Coréens sont surveillés, harcelés voire arrêtés, s’ils tentent d’entrer en contact avec leur famille et leurs amis qui ont quitté le pays.
Les familles séparées
Selon les estimations, un million de Coréens ont été séparés ou enlevés de force à leurs familles en raison des déplacements occasionnés par la guerre, des disparitions forcées et des enlèvements. On estime que 30 000 Nord-Coréens se trouvent en Corée du Sud, au Japon et dans d’autres pays, sans moyen légal de communiquer avec leurs proches en Corée du Nord.
Les autorités nord-coréennes doivent lever les restrictions injustifiées imposées aux communications internationales, et notamment aux communications entre les deux Corée. Le gouvernement doit aussi se pencher sur les enlèvements et coopérer avec les enquêtes menées par d’autres États sur ces allégations.
L’aide humanitaire
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 10,3 millions de personnes en Corée du Nord sont sous-alimentées. Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes sont parmi les plus durement touchés. Une grande partie de la population souffre de malnutrition chronique. La Corée du Nord devrait accepter l’aide internationale et accorder le libre accès aux travailleurs humanitaires.
Les travailleurs à l’étranger
La Corée du Nord continue d’envoyer des travailleurs à l’étranger pour générer des revenus, principalement pour le gouvernement. Les autorités nord-coréennes contrôlent très strictement les communications et les déplacements de ces travailleurs, et les privent d’informations sur le droit du travail dans les pays hôtes, où ils sont astreints à des horaires excessifs et soumis à des conditions de travail constituant une forme d’exploitation.
Des spécialistes de la situation des droits humains en Corée du Nord à Amnesty International sont disponibles pour des interviews à Séoul, Washington D.C. et Hong Kong. Si vous souhaitez obtenir de plus amples informations, veuillez contacter :
- à Hong Kong: tom.mackey@amnesty.org ;+852 6026 3992
- à Londres : press@amnesty.org ; +44 207 413 5696