Alors que l’école béninoise vient tout juste de rouvrir ses portes après quelques semaines de vacances scolaires, nous vous proposons cet entretien réalisé avec Eric-Orion BIAO, notre Coordonnateur de l’Education aux droits humains sur les interactions entre Amnesty Bénin et l’école béninoise. Il revient ici sur les dynamiques ‘’écoles amies des droits humains’’ et ‘’clubs scolaires’’ en cours depuis plusieurs années au sein des collèges et lycées du Bénin. Le but ultime est de semer les germes et la culture des droits humains chez les plus jeunes et de contribuer in fine à une citoyenneté responsable.
- Quel est le nombre de clubs scolaires et écoles amies des droits humains que compte AI Bénin et que font-ils dans les collèges et lycées du Bénin ?
D’abord, ‘’école amies des droits humains’’ est un projet que Amnesty International met en œuvre dans 22 pays du monde et qu’il est en train de relancer au Bénin avec l’appui de l’Union Européenne. Une école amie des droits humains (EADH) est une communauté scolaire au sein de laquelle les droits humains sont appris, enseignés, appliqués, respectés, protégés et défendus. Une EADH veille à ce que les principes d’égalité, de dignité, de respect, de non-discrimination et de participation soient au cœur de l’apprentissage. Ce projet sera mis en œuvre dans 25 collèges et lycées techniques du Bénin.
Relativement aux clubs scolaires, à ce jour, nous en avons 51 clubs dynamiques sur la soixantaine que dispose Amnesty au Bénin.
Les clubs scolaires sont des regroupements d’élèves constitués dans les lycées et collèges qui se réunissent périodiquement pour discuter des questions de droits humains, initier diverses actions pour sensibiliser leurs pairs sur les mêmes sujets.
Eric-Orion BIAO
Dans leur fonctionnement, ils sont animés par des encadreurs identifiés de commun accord avec les responsables d’établissements avec l’accompagnement technique et matériels des groupes locaux et du Secrétariat national d’AI Bénin.
Au début de cette année, la première activité consistera à organiser la rentrée des clubs scolaires et des EADH. Cette activité mise en œuvre par les membres des clubs consiste à faire le bilan des activités de l’année écoulée, d’élire les responsables des clubs scolaires et d’organiser la température des droits humains qui débouchera sur la planification des activités du groupe pour l’année scolaire 2022-2023.
Dans le cadre du programme clubs scolaire, nous projetons, avec eux, de mettre en œuvre 120 activités d’éducation aux droits humains financées par Amnesty Bénin (sensibilisation, causerie éducative, plaidoyer etc.) dans les collèges et lycées partenaires. Nous prévoyons également renforcer les capacités des directeurs et encadreurs de tous les clubs scolaires pour faciliter l’encadrement et l’animation des clubs avec l’appui de l’ambassade de France. Ensuite, il sera organisé une formation itinérante des groupes de travail EADH dans les 25 collèges et lycées bénéficiaires de ce projet.
Les groupes de travail EADH regroupent tous les acteurs et actrices de la communauté scolaire (les élèves, les enseignants, les gestionnaires de cantine, les membres de l’administration) qui sont sensibilisés aux droits humains et qui travaillent pour que les principes et valeurs des droits humains soient respectés au quotidien dans les établissements bénéficiaires.
Cette année l’une des activités phares sera la dotation des clubs scolaires et des EADH en matériels et ressources didactiques.
Eric-Orion BIAO
Amnesty Bénin a produit un livret de poche illustré et deux bandes dessinées sur divers sujets de droits humains. Des cahiers, règles et bracelets en silicone portant le message ‘’JE SUIS CHAMPION DES DROITS HUMAINS’’ ont également été produits et seront multipliés et distribués à tous nos collègues et lycées partenaires pour appuyer le travail qui se fait sur le terrain.
Enfin, nous allons remettre sur table notre activité sur le quart d‘heure sur la liberté d’expression. C’est une activité qui se fait dans les lycées et collèges pour sensibiliser avec un style simple facile à comprendre pour les élèves afin de leur faciliter la compréhension du principe sur la liberté d’expression.
- De par vos précédentes expériences, dites-moi quelles sont les bonnes pratiques que vous avez pu noter venant des clubs scolaires et écoles EADH et que vous voulez souligner, et comment ces derniers contribuent ils à une citoyenneté active au niveau national ?
Notre mode d’intervention est de sensibiliser les collégiens et lyciens sur la connaissance de leurs droits, sur la manière de les mettre en pratique tout en sachant que l’autre a les mêmes droits que soi, ce qui permet de faire dans les écoles la promotion du respect mutuel, de la non-discrimination, de l’acceptation de l’autre et par rapport à l’administration de la réduction du châtiment corporel.
Dans les écoles où nous intervenons, nous avons quand même un bon résultat sur la connaissance des droits et également des initiatives spontanées. C’est dire que les élèves deviennent de plus en plus conscients de leurs droits et de leurs devoirs. Par exemple, des élèves qui spontanément font preuves de bonnes pratiques pour s’assurer à soi et aux autres le droit à un environnement sain, s’assurent de laisser les toilettes propres après usage, évitent de jeter les sachets dans la cour de l’établissement etc.
Notre intervention facilite aussi la compréhension et le respect du règlement intérieur de l’établissement limitant ainsi les dérives et instaurant un climat de paix dans les établissements.
Eric-Orion BIAO
Nous prenons pour exemple également le renouvellement démocratique et périodique des bureaux des clubs scolaires. Cette pratique sensibilise et forme les membres de nos clubs scolaires dès le bas âge à la gouvernance responsable, au respect des délais d’exercice du pouvoir, a la bonne foi après gouvernance etc. Ces principes appris et pratiqués dans les clubs permettent aux jeunes élèves de ne pas être plus tard des personnes avides de pouvoir puisqu’ils sont suffisamment aguerris sur la question. Notre travail sur la liberté d’expression facilite également la participation active de tout le monde dans les échanges pendant les cours en limitant les moqueries, les railleries, les stigmatisations, les taquineries, qui empêchent les autres de donner leurs réponses en classes, ou à la maison.
- Est-ce que cette année Amnesty Bénin a en projet de créer de nouveaux clubs scolaires dans d’autres écoles ?
Nous avons à ce jour une soixantaine de clubs scolaires. 51 clubs ont été très actifs l’année écoulée. La création d’un club dépend un peu du groupe local d’Amnesty Bénin dans lequel se trouve le collège ou le lycée. Donc si des groupes locaux nous soumettent la création des clubs scolaires, nous sommes ouverts à cela. Ou, si des collèges sont intéressés pour la création d’un club scolaire Amnesty, ils peuvent se rapprocher des groupes d’AIB de leur localité ou écrire directement au secrétariat national pour connaître les conditions de création.
- Que diriez-vous à l’endroit des clubs scolaires, de leurs encadreurs et de l’Etat à travers le ministère de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle ?
A l’endroit des membres de nos clubs scolaires, nous voudrions dire toutes nos félicitations pour l’impact positifs qui transparaît dans leurs attitudes au quotidien, les féliciter pour la réalisation des activités antérieures et ensuite les encourager à bien mettre en œuvre les activités qu’ils soumettent eux-mêmes au secrétariat national d’Amnesty Bénin au début de l’année à travers leur plan d’action.
A l’endroit des encadreurs, ça va être essentiellement des mots de remerciement et d’exhortation. Remerciement pour la disponibilité et l’encadrement des clubs malgré le caractère bénévole de la tâche. Exhortation pour plus d’engagement et de disponibilité. La responsabilité d’AIB à leur endroit serait de mettre à disposition plus de moyens pour qu’ils puissent effectivement assister ces clubs scolaires dans la forme et dans le fond.
A l’endroit de l’Etat, nous voudrions dire nos remerciements également pour le renouvellement annuel de notre autorisation de travailler avec les apprenants dans les établissements publics pour une citoyenneté responsable. En outre, nous continuerons à faire le plaidoyer pour l’introduction de l’éducation aux droits humains dans les curriculas de formation. L’enseignement des notions de base en droits humains et de civisme ne doit pas figurer comme un chapitre dans une matière, mais être enseigné comme une matière en soi à tous les niveaux du cursus scolaire.
Bonne rentrée à toutes et à tous.
Entretien réalisé par Mme Adelphe CHODATON, stag.