Les autorités palestiniennes doivent immédiatement abandonner les accusations pénales de diffamation portées à l’encontre d’Ahmad Awartani, ingénieur en mécanique âgé de 25 ans originaire du village palestinien d’Anabta, en Cisjordanie, a déclaré Amnesty International le 14 mai, à la veille de l’audience de son procès.
Ahmad Awartani a été placé en détention dans la prison de Jericho le 21 avril pour diffamation, parce qu’il a écrit dans un post sur Facebook que lui-même et les habitants de son village d’Anabta ne prêtaient pas allégeance au président palestinien Mahmoud Abbas. Un tribunal de Jericho a prolongé sa détention provisoire à deux reprises depuis, la dernière fois le 9 mai pour sept jours supplémentaires.
« Les poursuites intentées contre Ahmad Awartani montrent une nouvelle fois que les autorités palestiniennes se servent des lois draconiennes relatives à la diffamation pour criminaliser la liberté d’expression. Pour un post inoffensif sur Facebook, Ahmad Awartani a passé plus de trois semaines en détention provisoire, ce qui témoigne de la détermination des autorités à faire taire les critiques, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Ahmad Awartani doit être libéré immédiatement et toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées. Il est choquant de voir que les autorités palestiniennes se servent des lois sur la diffamation pour empêcher l’expression légitime d’une opinion politique. Elles doivent respecter le droit à la liberté d’expression de tous les Palestiniens, y compris de ceux qui les critiquent. »
Selon sa famille, le 21 avril, Ahmad Awartani a été convoqué pour interrogatoire par un membre des forces de sécurité palestiniennes de prévention, dans la ville voisine de Tulkarem. Cet interrogatoire devait durer environ une heure. Plus tard dans la journée, sa famille a déclaré qu’il était détenu à la prison de Jericho, en raison d’un post sur Facebook.
Dans ce post, Ahmad Awartani a commenté la photo d’une banderole postée en ligne par un groupe Facebook local dans le village d’Anabta le 4 avril, sur laquelle on pouvait lire que le village « renouvelle son allégeance et prête serment » au président Mahmoud Abbas.
Selon l’avocat d’Ahmad Awartani, son client a été interrogé au sujet de cette publication sur Facebook tout de suite après sa détention, et n’a nié ni sa publication ni son contenu. Il a ajouté que son client a également été interrogé sur une conversation qu’il avait eue avec un collègue au sujet du président Mahmoud Abbas.
Au titre de l’article 191 du Code pénal de 1960, la diffamation visant un représentant de l’État ou une institution est passible d’une peine de prison allant de trois mois à deux ans.
« La diffamation ne doit pas être érigée en infraction pénale et nul ne doit être envoyé en prison ni soumis à des sanctions pénales pour ce motif. L’État de Palestine doit respecter le droit de tous les citoyens d’exprimer ouvertement leurs opinions sur les affaires publiques et de critiquer le gouvernement sans craindre d’être poursuivis. Il doit cesser d’enfermer des détracteurs et dissidents pacifiques, et réformer le Code pénal afin de protéger la liberté d’expression, composante essentielle d’une société énergique et dynamique », a déclaré Magdalena Mughrabi.
Complément d’information
Les autorités palestiniennes ont récemment intensifié leur répression contre la liberté d’expression, en arrêtant des journalistes, en fermant des sites Web de l’opposition et en adoptant la Loi sur la cybercriminalité. Le Conseil des ministres a adopté une version modifiée de cette loi le 17 avril ; elle n’a pas encore été rendue publique, ce qui fait craindre que les dispositions autorisant à restreindre de manière disproportionnée et arbitraire les droits à la liberté d’expression, à la vie privée et à la protection des données, demeurent en vigueur.