Écrire pour les droits. Une occasion pour les gouvernements de s’engager en faveur de l’humanité

Le 20 novembre 2020, Amnesty International lance Écrire pour les droits, la plus grande campagne mondiale en faveur des droits humains, qui appelle des gouvernements à remédier à des injustices contre des personnes détenues ou persécutées dans des pays du monde entier et à montrer l’exemple en construisant un monde post-COVID-19 plus juste.

« Bien que la pandémie de COVID-19 ait été dévastatrice, elle a également révélé le meilleur de l’humanité. Nous avons été témoins d’innombrables actes de compassion et de solidarité lorsque des gens se sont unis pour aider les personnes qui en avaient le plus besoin. Malheureusement, de nombreux gouvernements ont pris la voie opposée, arrêtant et persécutant des personnes qui se battent pour les droits humains », a déclaré Julie Verhaar, Secrétaire générale par intérim d’Amnesty International.

« Nous sommes à la croisée des chemins : nous pouvons toutes et tous choisir de construire un avenir donnant la priorité à la gentillesse, à la solidarité, à la tolérance et aux droits humains. Les gouvernements doivent profiter de ce moment pour montrer qu’ils peuvent remédier aux injustices, en libérant les prisonniers et prisonnières d’opinion, en mettant fin à la persécution des défenseur·e·s des droits humains et en protégeant le droit de toute personne à la liberté d’expression. »

Écrire pour les droits : la plus grande campagne de défense des droits humains

Chaque année en décembre, des personnes des quatre coins de la planète adressent des millions de lettres, de courriels, de tweets, de messages sur Facebook et de cartes postales à celles et ceux dont les droits humains sont menacés. Il s’agit du plus grand événement mondial dans le domaine des droits humains. Parmi les dix cas sélectionnés pour la campagne Écrire pour les droits 2020 figurent ceux de défenseur·e·s des droits humains et de personnes en Algérie, au Burundi, au Chili, en Colombie, à Malte, au Myanmar, au Pakistan, en Arabie saoudite, en Afrique du Sud et en Turquie.

Gustavo Gatica est étudiant en psychologie à Santiago, au Chili. Le 8 novembre 2019, il a participé à une manifestation contre l’augmentation des inégalités, organisée dans le cadre des manifestations de masse qui ont fait la une des journaux du monde entier et ont été un exemple de pouvoir citoyen. La police a violemment réprimé cette manifestation, en tirant à plusieurs reprises sur les manifestant·e·s avec des balles en caoutchouc.

Gustavo Gatica a été touché aux deux yeux, il est devenu aveugle. Amnesty International appelle à une enquête exhaustive sur les événements qui ont causé la blessure de Gustavo Gatica et demande que les officiers qui commandaient l’opération soient amenés à rendre des comptes.

À Malte, trois adolescents de Côte d’Ivoire et de Guinée sont emprisonnés dans l’attente de leur procès pour des accusations sans fondement de terrorisme. Ils avaient joué le rôle d’interprètes pour le capitaine et l’équipage d’un navire par lequel ils avaient été secourus, avec plus de 100 autres migrant·e·s, alors que leur canot pneumatique coulait.

Le capitaine avait, dans un premier temps, voulu ramener les 114 personnes, parmi lesquelles 20 femmes et au moins 15 enfants, à Garabulli, en Libye, où elles auraient été exposées à des atteintes aux droits humains, notamment à des risques de détention dans des conditions inhumaines, d’extorsion et de torture. Cependant, après avoir discuté avec les migrant·e·s, le capitaine et l’équipage ont accepté de les conduire plutôt à Malte.

Mais à leur arrivée dans ce pays, les trois adolescents qui avaient joué le rôle d’interprètes ont été arrêtés, accusés d’avoir détourné le navire et d’avoir forcé le capitaine à les emmener à Malte. Ils sont maintenant accusés de graves infractions passibles de la réclusion à perpétuité, pour s’être simplement opposés à un renvoi illégal vers la torture. Amnesty International exige la justice pour les trois de l’El Hiblu et demande que les accusations dont font l’objet les trois jeunes hommes (âgés de 21, 18 et 16 ans) soient abandonnées.

 Citons également les cas suivants :

Germain Rukuki, un défenseur des droits humains et prisonnier d’opinion burundais, purge une peine de 32 ans d’emprisonnement. Il a été déclaré coupable en raison de son travail de défense des droits humains. Amnesty International demande sa libération immédiate et sans condition.

Jani Silva, défenseure de l’environnement représentant des centaines de paysan·ne·s de la région du Putumayo, en Colombie, est constamment menacée par des groupes illégaux, l’armée, des trafiquants de stupéfiants et des entreprises multinationales. En Colombie, les défenseur·e·s des droits humains sont victimes de persécutions, de répression, de menaces, de criminalisation et d’homicides d’une ampleur considérable. Amnesty International demande que Jani Silva et les autres défenseur·e·s des droits humains comme elle bénéficient d’une protection.

Des membres du groupe de solidarité LGBTI+ de l’Université technique du Moyen-Orient d’Ankara encourent la prison pour avoir exercé leurs droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique en Turquie. Des étudiant·e·s LGBTI+ de l’Université technique du Moyen-Orient d’Ankara ont organisé la marche des fiertés annuelle sur le campus pendant des années. En 2019, l’événement pacifique a été dispersé par la police. Des étudiant·e·s et un universitaire ont été arrêtés et frappés et font maintenant l’objet de poursuites judiciaires. Amnesty International demande la relaxe de toutes les personnes inculpées, une enquête sur le recours excessif à la force par la police et la liberté pour les étudiant·e·s d’organiser des marches pacifiques sur le campus.

Idris Khattak, chercheur pakistanais sur les disparitions forcées pour Amnesty International et Human Rights Watch, a lui-même été soumis à une disparition forcée le 13 novembre 2019 et pourrait être poursuivi pour des accusations d’espionnage. Amnesty International demande sa libération immédiate.

Succès de la campagne

Comme nous avons pu le voir les années précédentes, écrire des lettres permet réellement d’apporter des changements pour les personnes dont le cas est mis en avant par la campagne Écrire pour les droits et constitue une énorme source de soutien psychologique et d’encouragement pour ces personnes et leur famille.

L’adolescent nigérian Moses Akatugba a été arrêté et condamné à mort lorsqu’il avait 15 ans, après avoir été accusé d’avoir volé trois téléphones. En 2019, il a été libéré grâce au soutien de 800 000 sympathisant·e·s d’Amnesty International.

« J’ai été condamné à mort parce que la police affirmait que j’avais volé trois téléphones », déclare Moses Akatugba. « Mais maintenant, je suis libre, car des personnes comme vous ont envoyé des lettres pour me soutenir. Après huit ans de prison et 800 000 lettres de sympathisant·e·s d’Amnesty International du monde entier, j’ai été libéré. Ces lettres m’ont permis de garder espoir. Je suis vivant aujourd’hui grâce à ces lettres. Donc vos lettres peuvent sauver une vie. »

En juillet 2020, un Sud-Soudanais a vu sa condamnation à mort annulée, en partie grâce à la campagne Écrire pour les droits. D’après le témoignage qu’il a donné au tribunal, Magai Matiop Ngong a tiré dans le sol avec le pistolet de son père pour intimider son cousin qui essayait de l’empêcher de se battre avec un autre garçon du quartier. La balle a ricoché et a touché son cousin, qui est ensuite mort à l’hôpital. Magai Matiop Ngong, qui avait seulement 15 ans au moment des faits, a fait l’objet d’un procès pour homicide sans pouvoir être représenté par un avocat. Il a été déclaré coupable et condamné à mort.

Nos recherches montrent que la peine de mort est utilisée de manière disproportionnée contre des personnes pauvres et défavorisées. Aux termes tant du droit sud-soudanais que du droit international, il est illégal de condamner à mort un enfant.

Plus de 765 000 personnes se sont mobilisées et ont écrit au gouvernement du Soudan du Sud pour faire part de leur solidarité envers Magai Matiop Ngong. La Cour d’appel du Soudan du Sud a finalement annulé sa condamnation à mort, car Magai Matiop Ngong était un enfant au moment des faits qui lui étaient reprochés, et a décidé de renvoyer l’affaire devant la Haute Cour pour qu’elle décide d’une peine appropriée.

« Il ne faut jamais sous-estimer la capacité d’une action individuelle à sauver une vie ou à amener des gouvernements à rendre des comptes. Année après année, nous constatons l’impact que le simple fait d’écrire une lettre ou un courriel peut avoir », a déclaré Julie Verhaar.

« Écrire pour les droits repose sur des personnes aidant d’autres personnes, et cette expression de notre humanité commune n’a jamais été aussi pertinente. Les gouvernements doivent répondre à cette volonté généralisée de changement en rendant justice aux personnes dont les droits humains sont bafoués. »

Complément d’information

Écrire pour les droits mobilise des centaines de milliers de personnes dans le monde entier en vue de changer la vie de personnes en danger en passant à l’action. L’année dernière, six millions et demi d’actions ont été menées, ce qui représente une augmentation annuelle de ce nombre d’actions pour la 18e année consécutive. Un million d’actions avaient été menées pour le seul cas de Yasaman Aryani.

La campagne Écrire pour les droits sera menée du 20 novembre au 31 décembre 2020. Pour obtenir de plus amples informations, veuillez consulter la page : https://www.amnesty.org/fr/get-involved/write-for-rights

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