COVID-19. Moderna doit tenir sa promesse et partager sa technologie afin que la découverte du vaccin ne soit pas réservée aux pays riches

En réaction à l’annonce de la société américaine de biotechnologie Moderna qui affirme que son nouveau vaccin est efficace à 94,5 % contre le COVID-19, Stephen Cockburn, responsable du programme Justice économique et sociale à Amnesty International, a déclaré :

« Ayant déjà vendu la majeure partie de son approvisionnement potentiel en vaccins pour 2021 à des pays riches, Moderna doit tenir sa promesse de permettre à d’autres entreprises de fabriquer le vaccin et fournir les connaissances et la technologie nécessaires, une fois la sécurité et l’efficacité de son vaccin avérées.

« Des sociétés comme Moderna et Pfizer-BioNTech ont l’obligation de respecter les droits humains et doivent jouer un rôle moteur dans la recherche d’une solution mondiale pour faire face au COVID-19, en partageant la technologie et en garantissant des prix abordables. Elles ne doivent pas agir d’une manière qui permettrait aux gouvernements de réserver les vaccins à quelques privilégiés.

« Nous ne pourrons éradiquer le COVID-19 que si les entreprises veillent à ce que les personnes qui ont le plus besoin de vaccins propices à sauver des vies ne soient pas laissées pour compte. Il est temps que les entreprises assument leurs responsabilités en termes de droits humains et garantissent l’accès le plus large possible à leurs innovations. »

Complément d’information

Jusqu’à présent, Moderna est la seule société à avoir pris l’engagement de ne pas appliquer ses droits de propriété intellectuelle et d’autoriser d’autres entreprises à fabriquer le vaccin.

Moderna affirme qu’elle peut fabriquer entre 500 millions et 1 milliard de doses de vaccin en 2021 (deux injections par personne sont nécessaires), mais a conclu des accords avec des pays riches uniquement qui portent sans doute sur la majeure partie de ces doses. Les États-Unis ont déjà réglé 100 millions de doses et posé une option sur 500 millions supplémentaires. Le Canada en a commandé 56 millions, le Japon 50 millions et la Commission européenne a achevé des pourparlers avancés avec Moderna portant jusqu’à 160 millions de doses. Ces négociations se tenant souvent à huis clos, d’autres transactions pourraient être en cours.

Cette annonce fait suite à la déclaration des rapporteurs spéciaux de l’ONU du 9 novembre, qui a mis en lumière le fait que les entreprises « doivent s’abstenir de causer ou de contribuer à des impacts négatifs sur les droits à la vie et à la santé en invoquant leurs droits de propriété intellectuelle et en accordant la priorité aux gains économiques ».

Aux termes du droit international, il incombe aux entreprises de respecter les droits humains et, entre autres, de ne pas faire obstacle aux initiatives des États visant à réaliser le droit à la santé et l’accès aux médicaments.