Chine. Zoom ne doit pas devenir un outil de la censure de l’État

AMNESTY INTERNATIONAL

RÉACTION

AILRC-FR

12 juin 2020

Réagissant à l’annonce que Zoom a accédé à la demande du gouvernement chinois de mettre fin aux réunions liées à la répression de Tiananmen et de suspendre les comptes d’un groupe de militant·s·e basés aux États-Unis organisant des réunions, William Nee, analyste chargé de la responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International, a déclaré :

« Le gouvernement chinois déploie des efforts considérables en vue de s’assurer que personne en Chine ne commémore ou même n’évoque les personnes tuées les 3 et 4 juin 1989. En accédant à la demande de Pékin de mettre fin aux réunions sur la répression de Tiananmen, Zoom risque de contribuer à la répression de la liberté d’expression.

« Zoom a déclaré que des mesures seraient prises en vue de veiller à ce que les utilisateurs et utilisatrices “en dehors de la Chine continentale” ne soient pas la cible de telles interventions à l’avenir, mais cela revient toutefois à fermer les yeux sur la répression des utilisateurs et utilisatrices en Chine continentale.

« Les entreprises technologiques telles que Zoom doivent placer les principes au-dessus des profits et défendre la liberté d’Internet, au lieu de se plier aux demandes de gouvernements répressifs appelant à l’étouffer.

« Zoom doit respecter les droits humains dans le cadre de toutes ses activités et ne doit pas devenir un outil du puissant système de censure chinois. »

Complément d’information

Dans une déclaration publiée le 12 juin 2020, Zoom a révélé avoir suspendu les comptes de militant·e·s des droits humains à la demande du gouvernement chinois et a laissé entendre que l’entreprise bloquerait toute nouvelle réunion que Pékin qualifierait d’« illégale ». L’entreprise a également admis avoir mis fin à trois réunions sur quatre portant sur la répression de Tiananmen.

Le compte de Zhou Fengsuo, un militant chinois basé aux États-Unis, a été suspendu quelques jours après qu’il eut organisé une commémoration de la répression de Tiananmen.

Le militant Wang Dan, qui a organisé un événement sur Zoom le 3 juin pour commémorer l’anniversaire de la répression de Tiananmen du 4 juin, a également vu son compte suspendu à deux reprises.

Enfin, le compte de Lee Cheuk-Yan, qui organise une veillée annuelle de commémoration de Tiananmen, a également été fermé.

Les comptes ont depuis été rétablis, lorsque Zoom a admis avoir commis une erreur et déclaré que sa réponse « n’aurait pas dû toucher les utilisateurs en dehors de la Chine continentale ».

La responsabilité des entreprises en matière de respect des droits humains est indépendante du respect des lois et règlements nationaux, et prévaut en outre sur ceux-ci.

Pour obtenir plus d’informations ou prendre rendez-vous pour une interview, veuillez prendre contact avec : Kevin.darling@amnesty.org ; press@amnesty.org