Les autorités botswanaises ne doivent forcer aucun des réfugiés du Caprivi à retourner dans leur pays, la Namibie, s’ils risquent encore réellement de faire l’objet de poursuites et de graves violations des droits humains, a déclaré Amnesty International le 11 juillet, date butoir pour leur retour volontaire.
Plus de 900 réfugiés, dont au moins 400 enfants qui n’ont jamais vécu en Namibie, se trouvent dans une situation totalement incertaine depuis que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés leur a signifié qu’ils ne recevraient plus de services tels que des rations alimentaires et un accès à des soins médicaux dans le camp de réfugiés de Dukwi, où ils vivent depuis près de vingt ans.
« Ces hommes, ces femmes et ces enfants ne doivent pas être forcés à retourner dans leur pays si leur sécurité personnelle ne peut pas être garantie, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe pour l’Afrique australe à Amnesty International.
« Les enjeux sont considérables, car si le gouvernement du Botswana force des personnes à retourner en Namibie, où elles risquent de subir des violations des droits humains, il manquera à ses obligations juridiques nationales et internationales. »
Ce n’est pas la première fois que le Botswana tente d’expulser des réfugiés. En 2015, le gouvernement botswanais a annoncé qu’il avait révoqué le statut de réfugiés de Namibiens. Par la suite, en janvier 2016, la Haute Cour du Botswana a estimé que les réfugiés namibiens ne devaient pas être renvoyés dans leur pays tant qu’une décision n’avait pas été prise concernant un recours introduit contre le décret de révocation de leur statut. Cette décision a été confirmée en appel en mars 2016 au motif que le ministère de la Défense, de la Justice et de la Sécurité avait l’obligation de garantir pour les intéressés un retour en toute sécurité.
Amnesty International s’est rendue au Botswana le mois dernier et a parlé avec certains de ces réfugiés. Ils ont dit vivre dans la crainte et dans l’angoisse depuis que le gouvernement les a privés de leur statut de réfugiés et parce qu’ils ne reçoivent aucun soutien s’ils choisissent de retourner en Namibie. Ces réfugiés ont dit à l’organisation qu’ils sont de ce fait dans une situation très précaire.
Un avenir très incertain
Certaines de ces personnes ont fait part de leurs craintes au sujet de leur avenir au Botswana. Un réfugié qui est arrivé dans le pays en 1998 a déclaré à Amnesty International : « La situation est actuellement effrayante. Je ne sais pas ce que nous allons devenir. Nos enfants ne vont pas pouvoir aller à l’école. Et 99% des enfants sont nés ici : ils sont donc Botswanais de naissance. »
Un autre réfugié a accusé le gouvernement du Botswana de les avoir abandonnés. Il a déclaré à Amnesty International : « Le gouvernement botswanais nous pousse à partir. Nous sommes dans une situation où nous ne savons pas où aller. »
Amnesty International sait également que 16 autres anciens réfugiés, qui font partie du premier groupe ayant fui le pays, n’ont pas reçu du gouvernement namibien l’autorisation d’y retourner. Cela signifie que s’ils retournent en Namibie ils seront considérés comme des « immigrants illégaux » et incarcérés dans le Centre pour les immigrés illégaux de Francistown, et que leur avenir est incertain. Amnesty International est préoccupée par le fait qu’ils risquent de devenir apatrides et que des familles risquent d’être séparées.
« Le Botswana a l’obligation de protéger et faire respecter les droits humains de toute personne se trouvant sur son territoire. Le gouvernement ne peut pas tourner le dos à des personnes qui n’ont nulle part où aller », a déclaré Muleya Mwananyanda.
Les autorités botswanaises doivent garantir la dignité et la sécurité de toute personne qui choisit de retourner en Namibie. Elles doivent leur fournir toutes les informations nécessaires au sujet de leurs papiers.
Complément d’information
Des milliers de personnes ont fui la région de Zambezi (anciennement appelée bande de Caprivi) en Namibie depuis 1998 pour échapper aux persécutions à la suite de tensions politiques entre le gouvernement et un mouvement séparatiste, l’Armée de libération du Caprivi (ALC). Les tensions se sont accrues à la suite d’attaques armées lancées par l’ALC contre les forces gouvernementales et des bâtiments publics le 2 août 1999 dans la région du Caprivi, dans le nord-est de la Namibie.
Le gouvernement namibien a instauré l’état d’urgence et arrêté plus de 300 personnes soupçonnées d’avoir participé à cette attaque, sympathisé avec les séparatistes ou aidé ces derniers à organiser ou lancer ces attaques.
Craignant des persécutions et des violences politiques, de nombreuses personnes ont fui au Botswana, pays frontalier, où elles vivent à présent depuis près de 20 ans. Beaucoup sont retournées vivre dans leur pays, mais certaines d’entre elles sont restées au Botswana.
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