Sierra Leone. L’arrestation d’un militant lors d’une manifestation pacifique témoigne de l’urgence de réformer les lois répressives

À la suite de l’arrestation et de l’interrogatoire le 17 juillet du militant Edmond Abu lors d’une manifestation pacifique à Freetown, en Sierra Leone, Sabrina Mahtani, chercheuse sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, a déclaré :

« L’arrestation d’Edmond Abu pour avoir participé à une manifestation pacifique quelques mois seulement après l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement témoigne de l’urgence qu’il y a à réformer les lois répressives relatives aux rassemblements pacifiques. Les autorités doivent cesser de procéder à l’arrestation arbitraire de manifestants et respecter le droit à la liberté de réunion pacifique.

« La Loi de 1965 relative à l’ordre public est très générale et confère beaucoup trop de pouvoir à la police. Le nouveau gouvernement affirme avoir été victime de ces lois et du maintien de l’ordre répressif lorsqu’il se trouvait dans l’opposition ; il a aujourd’hui une occasion en or d’écrire l’histoire en veillant à ce que les lois en Sierra Leone sur la liberté de réunion pacifique soient pleinement conformes et compatibles avec les normes internationales relatives aux droits humains. »

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Complément d’information
Le militant Edmond Abu a été arrêté à Freetown tandis qu’il participait à une manifestation contre la hausse des prix du carburant. Il a été conduit au siège de la police judiciaire et libéré après avoir été interrogé.

Un porte-parole de la police a déclaré à Amnesty International que M. Abu avait écrit à la police la veille, pour l’informer qu’il allait organiser une manifestation. Dans sa réponse, la police lui avait demandé de discuter de la question avec eux, mais il a maintenu son rassemblement. La police a déclaré se conformer à la Loi de 1965 relative à l’ordre public.

Les Lignes directrices de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples pour le maintien de l’ordre par les agents chargés de l’application des lois lors des réunions en Afrique soulignent que la liberté de réunion pacifique est un droit et non un privilège, et que la responsabilité incombe aux autorités de faciliter les rassemblements pacifiques. Les exigences en termes de notification ne devraient pas être un obstacle caché à la jouissance effective du droit à la liberté de réunion pacifique.

Le 3 juillet, à Freetown, Amnesty International a rendu public un rapport intitulé A Force for Good? Restrictions on Peaceful Assembly and Impunity for Excessive Use of Force by the Police, dans lequel elle demandait au nouveau gouvernement de réformer les lois répressives et de prendre des mesures afin de renforcer l’obligation de rendre des comptes en matière de violences policières.