AMNESTY INTERNATIONAL
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29 juin 2019
AILRC-FR
Paula Sebastião est membre du mouvement féministe LGBTIQ Arquivo Identidade
Angolano. Pendant le mois de la marche des fiertés, elle nous livre sa réflexion sur les
progrès et l’espoir qui nourrissent le militantisme LGBTIQ dans son pays.
C’est en juillet 2016 que s’est tenu en Angola le premier festival LGBTIQ, appelé
FESTÍRIS. Cette manifestation historique visait à créer un espace pour que la
communauté LGBTIQ se réunisse et sensibilise l’opinion aux problèmes qu’elle rencontre
par le canal de l’éducation et des loisirs. Des sympathisants venant de toutes les
composantes de la société ont assisté au festival, celui-ci leur offrant un espace de
réflexion et de débat concernant la culture et le quotidien des personnes LGBTIQ en
Angola.
Le succès du premier FESTÍRIS a été important pour les militants et les militantes du
mouvement LGBTIQ en Angola. Cela nous a indiqué une voie à suivre pour sensibiliser
la société à cette question. Nous avons compris que, si on voulait se faire voir et
entendre, nous devions occuper de plus en plus l’espace public afin de renforcer et de
créer des passerelles pour améliorer l’accès, l’inclusion et la compréhension de la
communauté LGBTIQ.
Ouvrir la voie aux droits
Le 23 janvier 2019, la communauté LGBTIQ angolaise a célébré l’approbation du
nouveau Code pénal. Cela a été un moment unique et historique, surtout dans le
contexte africain, car l’Angola a non seulement retiré du Code pénal l’article 71, qui était
considéré par beaucoup comme une disposition érigeant en infraction pénale les
relations sexuelles entre personnes du même sexe, mais désormais il a aussi fait de la
discrimination fondée sur l’orientation sexuelle une infraction.
En 2019, le festival FESTÍRIS s’est tenu le 17 mai lors de la Journée internationale
contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Le festival a fêté la victoire
récemment obtenue après des années de lutte des groupes LGBTIQ angolais et a salué
les retombées du nouveau Code pénal. Il a aussi permis une réflexion sur l’historique de
la Journée du 17 mai et sur la discrimination qui frappe encore les personnes LGBTIQ en
Angola. Au travers d’expositions artistiques et de débats, et aussi par des spectacles de
théâtre et des projections de film, nous avons voulu sensibiliser l’opinion publique aux
questions relatives à l’homophobie, à la biphobie et à la transphobie ; préparer la mise en
œuvre des droits et des garanties prévus dans le nouveau Code pénal ; et favoriser une
réflexion concernant les progrès qu’il faut accomplir à l’avenir.
L’accès difficile au marché de l’emploi des personnes LGBTIQ constitue un obstacle
socio-économique, mais le nouveau Code pénal prévoit une disposition pour garantir la
non-discrimination sur le lieu de travail. Dans ce contexte, le festival FESTÍRIS a permis
d’être un espace pour promouvoir le travail des personnes LGBTIQ qui ont des petites
entreprises et pour débattre de l’intégration de la communauté au marché du travail.
Dans le cadre d’un salon de l’emploi où participaient des entrepreneurs issus de la
communauté LGBTQ, nous avons pu mettre en valeur leurs compétences et montrer qu’il
était possible que les personnes LGBTQ s’épanouissent et contribuent aux entreprises
en dehors des secteurs de l’informel et du travail du sexe, dans lesquels elles sont trop
souvent cantonnées.
Un sentiment d’espoir
Le festival a été couronné de succès, ayant réuni plus de 300 personnes issues de la
communauté LGBTQ comme du grand public. Nous avons pu entrer en contact avec des
partenaires et alliés qui feront en sorte que le festival puisse se tenir tous les ans. Parmi
eux figurent des ONG, le PNUD et ONUSIDA de même que des ambassades de
gouvernements qui nous soutiennent comme l’ambassade de Suède ou celle des Pays-
Bas.
Malgré toutes les difficultés rencontrées par les militants LGBTIQ pour la tenue du
festival FESTÍRIS, nous ne renoncerons jamais parce que nous savons que les activités
de ce genre sont essentielles pour la promotion et l’épanouissement des droits des
personnes LGBTIQ en Angola.
Nous avons un sentiment d’espoir. Nous estimons qu’il est possible de continuer à
œuvrer pour obtenir les changements que nous souhaitons, c’est-à-dire faire valoir nos
droits et avancer vers l’égalité pour tous et toutes.