En réaction à la disparition de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien bien connu dont on est sans nouvelles depuis qu’il s’est rendu au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul mardi 2 octobre, Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
« Les autorités saoudiennes affirment que Jamal Khashoggi a quitté le consulat mardi dernier ; elles doivent immédiatement dévoiler des éléments venant étayer leurs dires, sinon elles ne sont pas crédibles et ne font que renforcer les doutes sur le fait qu’elles le détiennent dans le cadre d’une possible disparition forcée. Si tel est le cas, elles doivent le libérer sans délai et les autorités turques doivent veiller à ce qu’il ne soit pas renvoyé de force en Arabie saoudite.
« Jamal Khashoggi s’est exilé en septembre 2017, alors qu’une vague d’arrestations déferlait sur les défenseurs des droits humains, les dignitaires religieux, les économistes, les blogueurs, et quasiment toute personne osant critiquer le pouvoir en place. S’il est renvoyé en Arabie saoudite, il sera en danger étant donné les procès manifestement iniques qui débouchent sur de lourdes peines d’emprisonnement ou la peine capitale.
« Ce ne serait pas la première fois qu’un dissident est pris pour cible hors des frontières de l’Arabie saoudite. En mai 2017, le défenseur des droits humains Mohammed al Otaibi a été arrêté à l’aéroport de Doha alors qu’il était en route pour la Norvège, qui lui avait accordé le statut de réfugié, et les autorités qatariennes l’ont expulsé vers l’Arabie saoudite. En janvier 2018, il a été condamné parle Tribunal pénal spécial à Riyadh à 14 ans de prison à la suite d’un procès profondément inique.
« Le message adressé aux dissidents et détracteurs pacifiques est glaçant : ils ne sont pas en sécurité, même à l’étranger, et lorsqu’elles en ont la possibilité, les autorités s’en prennent à eux, un à un », a déclaré Lynn Maalouf.
Complément d’information
D’après les médias officiels turcs, cette semaine, le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de l’Arabie saoudite en Turquie pour discuter de la disparition de Jamal Khashoggi. Un porte-parole du bureau du président turc a déclaré le 3 octobre que d’après les informations dont il dispose, Jamal Khashoggi se trouve toujours au consulat saoudien à Istanbul.